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3e journée d’études sur la qualité de l’emploi de l'ISQ

3e journée d'études sur la qualité de l'emploi

Présentations

 

La conciliation emploi-famille

Dans le cadre de ses travaux portant sur le domaine du travail, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), en collaboration avec le ministère de la Famille, la TÉLUQ (Université du Québec) et le Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS), tiendra une troisième journée d’études sur la qualité de l’emploi qui aura pour thème la conciliation emploi-famille (CEF). Cette initiative vise, d’une part, à faire connaître des travaux récents sur le sujet et, d’autre part, à permettre aux participants de donner leur point de vue et leur perspective au regard de cette thématique.

 

Démarche de l'ISQ

La conciliation emploi-famille implique plusieurs dimensions de la qualité de l’emploi

Dans la foulée de ses travaux portant sur la qualité de l’emploi, l’ISQ a développé un cadre conceptuel qui comprend neuf dimensions qui sont souvent citées dans la littérature : la rémunération, les congés, les régimes de retraite, les assurances collectives, les heures de travail, les horaires de travail, la stabilité, la qualification et, enfin, les conditions physiques et psychologiques de travail. Parmi ces dimensions, au moins cinq concernent particulièrement la CEF. D’abord, les dimensions « heures de travail » et « horaires de travail » sont intimement liées à la capacité des parents à concilier leur emploi et leurs obligations familiales. Ainsi, de longues heures de travail ou des horaires irréguliers ou peu flexibles sont susceptibles de rendre difficile une bonne conciliation emploi-famille. Également,  le fait d’avoir plus ou moins des congés (vacances, congés fériés et autres congés) dans le cadre de son emploi, en particulier ceux liés aux obligations familiales, rend cette conciliation plus difficile et limite le temps passé avec la famille.

Par ailleurs, il est bien connu que le temps dévolu aux responsabilités familiales est plus important chez les mères, mais aussi que leur offre de travail demeure plus faible que celle des pères. Dans ce dernier cas, cela se traduit par des gains moins élevés pour les mères par rapport  aux  pères  sans  compter  les  disparités  salariales entre ces groupes. Comme l’indique l’OCDE dans son  rapport,  les  mères se retrouvent dans une position faisant en sorte que leur contribution au revenu du ménage est toujours moins grande que celle des pères. L’enjeu de la rémunération combinée aux heures de travail ressort ici clairement. Sur un autre plan, les conditions physiques et psychologiques de travail ne sont pas sans affecter la santé des travailleurs et des travailleuses, ce qui peut aussi avoir des impacts sur leur conciliation emploi-famille. On peut facilement imaginer que des emplois exigeants d’un point de vue physique et/ ou psychologique rendent les personnes qui les occupent moins disposées par moments à assumer de façon optimale leurs responsabilités familiales et peuvent entraîner d’autres problèmes de santé chez ces personnes.

Comme on peut le voir, la thématique de la conciliation emploi-famille implique plusieurs dimensions de la qualité de l’emploi et enjeux sous-jacents. De façon générale, on peut penser qu’une bonne qualité de l’emploi, au regard notamment des heures et des horaires de travail, est susceptible de favoriser une meilleure CEF. Dans le cas contraire, les impacts sur la santé et le stress qui sera vécu sont inévitables.

 

Pourquoi s’intéresser à la conciliation emploi-famille ?

On pourrait répondre à cette question tout simplement en disant qu’en 2015, près de la moitié des travailleuses et des travailleurs âgés de 25 à 54 ans ont des responsabilités familiales au Québec. Plus précisément, environ 1  250 000 travailleuses et travailleurs de ce groupe d’âge ont   un ou plus d’un enfant âgé de moins de 18 ans dans leur ménage et près de la moitié de ces enfants ont moins de 6 ans. Les mères au travail sont un peu plus nombreuses que les pères ; toutefois, ces derniers sont presque exclusivement à temps plein alors que chez les mères, près de 80 % ont un tel régime de travail. Ces quelques chiffres montrent toute l’importance que revêt aujourd’hui la conciliation emploi-famille de même que les défis qui se posent dans le contexte d’une participation accrue des mères au marché du travail ; et ces défis sont encore plus grands chez  celles en situation de monoparentalité.

Mais au-delà de ces constats généraux, il reste que les problèmes de temps sont encore bel et bien présents chez les parents, surtout les mères, selon une récente étude de l’ISQ. En effet, plus de la moitié des parents d’enfants âgés de 0-5 ans n’ont jamais ou rarement l’impression d’avoir suffisamment de temps pour eux et le quart d’entre eux ont souvent ou toujours l’impression de ne pas avoir assez de temps à consacrer à leurs enfants. Ces constats ne sont pas nouveaux et sont  aussi observables dans les ménages ayant des enfants plus âgés; ils montrent que le « stress travail/famille», pour reprendre une expression de l’OCDE, est une réalité bien présente dans la population québécoise.

Sur un plan plus global, les départs à la retraite, qui devraient s’accroître dans les prochaines années en raison du vieillissement de la main-d’œuvre, seront en partie compensés par des emplois chez les plus jeunes pour qui les responsabilités parentales risquent d’être parmi les principales préoccupations. Dans ce contexte, l’attraction de cette main-d’œuvre exigera, d’une façon ou d’une autre, des milieux de travail favorisant la conciliation emploi-famille qui deviendra en conséquence un enjeu de plus en plus important pour les entreprises.

L’étude de la CEF est aussi pertinente lorsqu’il est question des proches aidants qui sont sur le marché du travail et qui doivent, de plus en plus fréquemment, concilier leur vie professionnelle et les besoins de leurs proches, en particulier ceux vieillissants. Compte tenu de l’importance grandissante de ce phénomène sur le marché du travail, les mesures de conciliation dans les milieux de travail deviendront là encore un enjeu de premier plan pour les entreprises.

Par ailleurs, la CEF est toujours d’actualité quant à la place des pères dans cette dynamique, sachant que le partage des responsabilités familiales est encore inégal entre les sexes. D’autre part, il semble que les hommes qui se retrouvent dans des milieux de travail « traditionnellement masculins » font face à de plus grands défis en matière de conciliation emploi-famille à l’instar des femmes qui s’y retrouvent; cela suggère qu’on s’intéresse à cette réalité.

Plus largement, une conciliation emploi-famille difficile, au-delà du stress vécu, peut se traduire par une multitude de problèmes. Dans son livre portant sur la conciliation emploi-famille et les temps sociaux, Tremblay présente une longue liste de problèmes qui ont été observés à partir de plusieurs recherches. Des problèmes ont été notés sur différents plans.

Premièrement, sur le plan personnel, on parle, entre autres, de diminution d’heures de sommeil et de temps libre, d’insatisfaction, de détresse psychologique, de fatigue chronique et de troubles physiques. Au deuxième plan (familial), les problèmes qui ressortent ont trait par exemple au temps consacré à la famille et aux amis jugé insuffisant, à une vie affective et sociale limitée de même qu’à un moindre engagement social ou citoyen. Enfin, sur le troisième plan (professionnel), les difficultés de conciliation concernent notamment les retards, les absences du travail, la baisse de la productivité, la difficulté de faire des heures supplémentaires volontaires ou non et l’insatisfaction au travail.

L’étendue des problèmes rencontrés en matière de conciliation emploi-famille justifie bien qu’on s’intéresse encore aujourd’hui à cette problématique; en effet, il y a fort à parier que de tels problèmes subsistent dans plusieurs milieux de travail, sans oublier qu’ils sont vécus bien souvent très différemment chez les travailleuses et chez les travailleurs.

 

Mais qu’entend-on par conciliation emploi-famille ?

Équilibre travail-famille, conciliation emploi-famille, conciliation travail-famille, conciliation famille-travail, ou encore articulation emploi-famille, plusieurs appellations sont utilisées pour décrire la dynamique entourant le travail ou l’emploi et les responsabilités familiales. Selon Tremblay, on peut partir du concept de « conflit emploi-famille» pour définir globalement les mesures liées à la conciliation travail-famille. Ainsi, l’auteur mentionne: « Le conflit emploi-famille a fait l’objet de diverses définitions, mais nous pouvons retenir celle de Greenhaus et Beutell (1985) qui le définissent comme l’incompatibilité entre les exigences de l’emploi et les exigences familiales, de sorte que la participation à une sphère rend difficile l’engagement dans l’autre. Les mesures de conciliation emploi-famille mises à la disposition des travailleurs visent généralement à réduire ce conflit. »

Bien que les mesures de conciliation emploi-famille émanent à la base des entreprises en fonction de la qualité des emplois offerts, qui à leur tour peuvent être tributaires des conventions collectives, il reste que les politiques publiques relatives aux services de garde et au congé parental jouent un rôle de premier plan dans cette conciliation. Mais il convient de mentionner que d’autres acteurs interviennent de plus en plus sur la question, par exemple les municipalités et les entreprises offrant des services externes aux organisations pour le compte de leurs employés. On peut donc dire que le concept de la conciliation emploi-famille, à l’instar de celui de la qualité de l’emploi est multidimensionnel.

 

Une réalité qui s’exprime de multiples façons dans les économies développées

Sur le plan international, la CEF fait souvent l’objet de comparaisons au regard  des  politiques  publiques  afin  de voir jusqu’où celles-ci sont favorables pour la famille. À cet égard, cet organisme mentionne : « Les politiques favorables à la famille sont celles qui permettent de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle, assurent aux familles des ressources suffisantes, favorisent le développement de l’enfant, facilitent le choix des parents entre travail et activités de soin et d’éducation, et promeuvent l’égalité des sexes sur le plan de l’emploi. » Également, dans son rapport synthèse portant sur la conciliation emploi-famille, l’OCDE note, entre autres, que les politiques en matière de congé parental « sont très hétérogènes d’un pays à l’autre » et qu’il y a « une diversité des services de garde d’enfants en dehors des heures scolaires et à la petite enfance». De plus, il est mentionné que les « pratiques au travail favorables à la famille» demeurent très variables d’un pays à l’autre, notamment celles liées aux heures et aux horaires de travail ainsi qu’aux congés qui sont déterminants dans l’articulation emploi-famille. Par ailleurs, dans son avis scientifique portant sur la CEF et la santé, l’INSPQ mentionne que par rapport aux pays faisant l’objet de comparaisons, « […] le Québec se situe de manière avantageuse en matière de services de garde de même qu’en ce qui concerne son Régime d’assurances parentales ». Toutefois, pour ce qui est de certaines normes du travail en lien direct avec la conciliation travail-famille (congés annuels, congés pour responsabilités familiales ou parentales, jours fériés, aménagement du temps de travail), le Québec apparaît être en queue de peloton par rapport aux pays ou régions comparés. Ces quelques constats indiquent que les conditions de la conciliation emploi-famille varient d’un pays à l’autre ou d’une région à l’autre puisqu’elles dépendent en bonne partie de l’étendue des politiques publiques liées à la famille et au travail.

 

L’approche retenue par l’ISQ dans le cadre de ses journées d’études sur la qualité de l’emploi

Après avoir tenu une première journée d’études sur la qualité de l’emploi en 2011, qui visait à définir ce dernier concept et son application, ainsi qu’une deuxième journée portant sur le thème de la surqualification professionnelle, l’ISQ, en collaboration avec le ministère de la Famille, la TÉLUQ (Université du Québec) et le Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS), propose pour cette troisième journée la thématique de la conciliation emploi-famille. Cette activité, par l’intermédiaire de ses diverses présentations qui puisent dans des données à la fois quantitatives et qualitatives, a pour but de permettre aux multiples intervenants du monde du travail de discuter de ce sujet. De plus, comme l’ISQ veut créer, à cette occasion, un contexte favorable pour la discussion, il a restreint le nombre de conférenciers ; cela permettra en effet de consacrer une partie importante du colloque aux échanges avec les participants. L’ISQ souhaite par la tenue de cette activité alimenter les travaux futurs portant sur la qualité de l’emploi.

Le thème de la conciliation travail-famille est susceptible d’intéresser plusieurs intervenants du marché du travail. L’ISQ et ses partenaires invitent donc le milieu de la gouverne, celui  de  la  recherche,  les  représentants  patronaux et syndicaux, les organismes publics et communautaires, les associations, les entreprises et les particuliers à participer à cette activité. Le fait de réunir des intervenants de divers horizons cadre bien avec cette thématique qui se retrouve dans de multiples milieux de travail.

Cette troisième journée d’études sur la qualité de l’emploi se déroulera sur une journée et demie et se divise en trois parties. Dans un premier temps, soit le matin de la première journée, un état des lieux de la conciliation emploi-famille au Québec sera fait. Par la suite, en après-midi, la question fondamentale du temps sera examinée. La première journée du colloque se terminera par une table ronde portant sur la place des pères dans la CEF. Enfin, soit le matin de la deuxième journée, la CEF sera mise en perspective avec la qualité de l’emploi et la santé.

Type
Conference
Date
End date